Ébauches d’une pratique de décolonisation : étude auto-ethnographique de colons travaillant au sein de collectivités autochtones
DOI :
https://doi.org/10.47634/cjcp.v55i2.61192Résumé
Cette étude auto-ethnographique explore la démarche qui consiste à favoriser une pratique de counseling autocritique et culturellement adaptée dans des contextes autochtones; il s’agit là d’une orientation que doivent adopter les colons pour pouvoir travailler de façon éthique auprès des clients, des familles, et des collectivités autochtones. Toute autre approche risquerait de recréer discrètement ou ouvertement les expériences de violence coloniale et d’éroder la relation thérapeutique. Les données de recherche proviennent notamment d’exercices de rédaction réflexive ainsi que d’entrevues interactives avec une femme thérapeute en counseling (de 28 ans) qui, à titre de personne appartenant à la culture colonisatrice, a travaillé dans plusieurs collectivités autochtones. L’analyse a fait appel à la triangulation, à la réflexion critique, et à la compréhension de la notion de sécurité culturelle lorsqu’il s’agit d’interpréter les données et d’en tirer un savoir. Le sentiment d’instabilité est une expérience évocatrice sur le plan émotif; toutefois, le fait de mener une réflexion critique sur des émotions, des réactions, et des expériences déstabilisantes est un aspect essentiel à la transformation personnelle. Les colons ne peuvent pas s’engager dans une décolonisation théorique. Il faut plutôt en faire l’expérience d’abord sur le plan individuel, puis en tant que citoyens éthiquement responsables et disposés à remettre en question les discours culturels dominants, tout en contribuant à favoriser une société plus juste.